C'est bien, l'interactivité.

Publié le 22 Avril 2016

Brève du Populaire, journal Nantais .
Brève du Populaire, journal Nantais .

C'est fou, quand même, ce qui se passe quand les gens se mettent en réseau et font circuler les infos.

Par exemple le sieur nantais JB, prof d'histoire de son état, fait savoir à LLF, Frère de St-Gabriel, qu'il a trouvé aux archives un document de presse de 1919 rendant compte du jugement d'un religieux en conseil de guerre à Nantes. LLF qui a en mains "EMILE ET GERARD" fait immédiatement le rapport avec de l'affaire de l'insoumission d'Emile Courgeau et me branche sur JB, lequel m'envoie sans tarder son document. Donc je vous en fais profiter avec plaisir. Il s'agit d'un article du journal nantais Le Populaire du 6 février 1919, soit deux jours après le jugement qui condamnait Emile pour son insoumission.

Selon JB qui a beaucoup dépouillé les journaux de cette époque, le journal ne fait que reprendre le communiqué de l'armée. A remarquer: l'article ne fait pas que rapporter le verdict, il fournit aussi un début de commentaire, sans doute ce que le tribunal militaire veut qu'on retienne. Précisément il met l'accent sur une circonstance aggravante qui a joué dans le sens de la condamnation: le prévenu était un éducateur. Il aurait donc dû être un exemple de patriotisme. Une façon de sermonner la congrégation sans enfourcher les grands chevaux de l'anticléricalisme, peut-être déjà un peu passé de mode.

Bon, vous voyez des trucs à dire sur votre lecture? n'hésitez pas, ça peut aller dans tous les sens qui vous passent par la tête et allez-y de votre petit commentaire.

Merci, à tantôt comme dit JC qui m'a passé cette manie.

René

Rédigé par René marquis

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R
Merci Bernard pour ce commentaire. Je n'ai pas présentement en tête d'autres récits de "grands missionnaires", à part peut-être les lettres de Placide Chaigneau, missionnaire vendéen en Chine (ed. CVRH). A coup sûr il y fallait un tempérament d'aventurier. C'est sans doute ce tempérament qui faisait le principal point commun de ces missionnaires.<br /> J'ai pointé chez F. Gérard le peu de curiosité pour la culture préexistante à l'arrivée des missionnaires. Ceux que tu cites, Roger Bulliard, André Dupreyrat, étaient-ils dans cette même indifférence ?
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B
René, à ta question de savoir si les deux missionnaires "Roger Bulliard et André Dupeyrat étaient dans la même indifférence" que F. Gérard, la réponse est non. Elle m'oblige à replonger dans de très vieux souvenirs du temps de mon passage à Chavagnes en classe de 6ème et 5ème, de 1967 à 1969. <br /> <br /> Le père Bulliard était venu présenter son livre : "Inuk, au dos de la terre". Il "présente l'Esquimau, l'homme de l'Arctique, prisonnier des glaces du Pôle et des steppes de la terre stérile... prisonniers surtout d'esprits malveillants, de traditions cruelles et de sorciers sans pitié." Je me rappelle de cette anecdote : à un moment, le sorcier venu le contrer dans un rassemblement, déboîte sa jambe. Le père Bulliard a été plus fort en enlevant carrément les dents de sa bouche. Le sorcier impressionné et battu, ayant trouvé plus fort que lui, s'est sauvé. En fait, l'astuce pour le père Bulliard a été simplement d'enlever son dentier de la bouche. <br /> <br /> "21 ans chez les Papous" de André Dupeyrat : là encore, il fallait convertir les Papous au christianisme, les sauver contre le paganisme, coûte que coûte. <br /> <br /> Chez F. Gérard, on est très loin de cette approche de la mission. On ne voit jamais dans le livre, dans l'autobiographie de F. Gérard, un quelconque besoin d'être sauveur de la civilisation, de convertir les personnes au christianisme à tout prix, mais plutôt de les élever par l'instruction, le savoir, la culture. Ce qui passait par la construction d'écoles, d'établissements. Pour cela, il a été un grand "bâtisseur".<br /> <br /> Les deux missionnaires Bulliard et Dupeyrat étaient tout à fait dans le registre de ce que tu écris dans ta conclusion : "comment étaient possible, chez nous cette passion intransigeante de convertir le monde à sa propre croyance ? Ce déni crispé face à la prodigieuse mosaïque des cultures et des cultes humains ? Cette approche manichéenne des querelles du temps ?" On sent une grosse désapprobation, voire de la colère.<br /> Chez F. Gérard, on ne peut mieux dire la "capacité quotidienne à faire un pas vers l'idéal choisi, quoi qu'il arrive", avec "courage et héroïsme" ! <br /> <br /> Tout n'a pas été bon chez les missionnaires, loin de là ! En témoigne ce "Chant du départ des missionnaires" chanté par les prêtres des Missions étrangères de Paris lors des cérémonies d'envoi des missionnaires, vers la fin du XIX ème siècle : <br /> <br /> "[...] Oh ! qu'ils sont beaux vos pieds, missionnaires !<br /> Nous les baisons, avec un saint transport ; <br /> Oh ! Qu'ils sont beaux sur ces terres lointaines<br /> où règnent l'erreur et la mort ! [...]<br /> <br /> Soyez remplis du zèle apostolique.<br /> La pauvreté, les travaux, les combats,<br /> la mort, voilà l'avenir magnifique<br /> Que notre Dieu réserve à ses soldats ".<br /> <br /> Bonne journée.<br /> Bernard
B
Quand on regarde la page d'accueil du blog, on voit l'article "C'est bien l'interactivité" et en même temps on voit le bateau qui a transporté F. Gérard dans ses contrées lointaines, vers le Siam. Quel contraste ! D'un côté, on imagine la rapidité pour faire des recherches, véhiculer des infos à l'instant T. De l'autre, on voit la lenteur pour véhiculer les personnes, le courrier, le savoir... Changement d'époque, la notion du temps n'est vraiment pas la même. On peut se poser la question de savoir ce qu'aurait fait F. Gérard s'il avait connu l'interactivité d'aujourd'hui, lui qui savait "lire et écrire".<br /> <br /> A travers la lecture du livre, on perçoit F. Gérard comme un grand missionnaire de la trempe des Roger Bulliard, missionnaire chez les Inuk ou André Dupeyrat en Papouasie (livre "21 ans chez les Papous"). C'est pourquoi le sous-titre du livre est bien choisi "A la recherche du tonton du Siam". D'écrire "le Siam", cela montre bien le côté missionnaire aventurier de F. Gérard , constructeur de monastères. <br /> <br /> Si le 19ème siècle correspond à une époque où civilisation et christianisme cohabitent bien, on voit que cela est révolu au début du 20ème siècle. Il ne devait pas faire bon être religieux, au moment de la loi de 1903 qui ferme les congrégations, puis celle de 1905, séparation des églises et de l'état. L'affaire de l'insoumission d'Emile Courgeau en est l'illustration. <br /> <br /> Avec le livre, la mémoire de l'oncle Emile renaît, et l'oeuvre du frère Gérard est connu. Cela n'est pas une mince affaire. Les "lumières précieuses" restent nécessaires à notre époque où tout est commenté instantanément, en bien ou en mal !<br /> A ce soir sur TV Vendée, 19h55. <br /> <br /> Bernard
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